Enfant du pays, j’ai parcouru les rues depuis toujours, bien qu’évidemment cela soit moins le cas ces dernières années.

Me revoici donc à la case de « départ », j’y ai trouvé un nid douillé où pouvoir faire des pas de côté, pour réussir à combattre encore et toujours cette foutue maladie.

Après avoir cherché pendant plusieurs longs mois, j’ai enfin trouvé le petit bijou que j’enviais, là encore ça a été un long combat. Entre temps, beaucoup de refus, lorsque vous dîtes être handicapé avec l’AAH (Allocation Adulte Handicapé), alors on vous fuit comme la peste.

Toutefois, la vie fait parfois bien les choses et me voici donc désormais locataire.

Le plus difficile ? Il va de soi que ça a été de faire mes premiers pas, car la maladie n’aidant, mais en plus en étant habitué à vivre en famille, il va de soi que ça n’allait pas être simple, alors l’appréhension a pris parfois le dessus, jusqu’à ce que je me lance dans le grand bain !

Première journée dans mon chez moi, enfin, ça c’est sur le papier car évidemment je ne me sentais pas chez moi, mais comme un invité.

L’angoisse n’était pas trop à la fête. Ouf, j’ai donc pu me poser avec un peu plus de sérénité.

Voilà donc que plusieurs jours s’écoulent, puis c’est 3 semaines en total, bien que cela soit effectivement énorme, je n’y vois pas de satisfaction, c’est-à-dire que malgré ma maladie, oui, c’est énorme à supporter, mais pour moi je me dis que cette chose que j’ai vécue devrait être normal, d’où mon manque d’enthousiasme.

Eh il y a une chose à laquelle je ne m’attendais vraiment pas : la perte d’appétit.

Il ne vous aura pas manqué ma souplesse, bien qu’elle me permette de passer entre les portes voire sous, tellement je suis mince, malgré ça je suis très vigilant à ne pas arriver au stade supérieur, devenir un liquide ou que sais-je.

Bien sûr, je prends ça avec humour, par ce que je ne souhaite pas donner un thon grave à ça, je suis maigre, mais je suis suivi autant que je le peux et surtout, je reste attentif à ce que me dit mon corps.

Là, il n’était vraiment pas content, on retombe donc sur un phénomène « animalier », un changement « brusque », qui change tout du jour au lendemain et se retrouver comme ça, seul, dans un lieu inconnu, alors oui le corps ne suit pas sur tous les plans, notamment sur l’aspect nutritif ici.

Heureusement, cela a été le midi du premier jour, puis ensuite j’ai pu constater de la nuisance sonore permanente que c’est d’habiter en ville, eh oui, habitué de la campagne depuis maintenant 16 ans, je peux vous dire que les nuits ont été de courtes durées !

Puis le cœur du problème, le social, petit à petit, je me suis retrouvé isolé, car sortir c’est se confronter à beaucoup de monde, quand s’enfermé m’a confronté à la solitude.

Forcément, au bout de 3 semaines, la fatigue augmente et le manque de silence, de contact et de nature c’est fait ressentir, au point où à nouveau, je me suis retrouvé avec un blocage dans l’envie de me nourrir.

J’ai donc décidé de faire une pause.

Maintenant que ces premiers pas ont été semés, il est temps d’en faire le bilan, d’en tirer le mauvais et surtout le bon, puis de réussir à combler ce qui m’a fait défaut, pour éviter que ce trouble persiste sur le temps.

Retour donc à la campagne, où j’y ai enfin vu ce que j’avais manqué en seulement 3 petites semaines, les arbres sont enfin tous en fleurs, les abeilles butinent, le soleil caresse mon visage et enfin, mes petits compagnons à 4 pattes ont été très heureux de me retrouver, après m’avoir vu disparaître sans que je puisse leur expliquer, m’enfin, je les savais bien entourés.

Comme toujours, je n’écris pas tout cela dans le but d’attirer votre attention sur moi, mais d’ouvrir les portes à celles et ceux, comme moi, qui ont un handicap invisible, n’oubliez jamais que chaque pas avant reste un pas qui vous ouvre la porte vers la guérison, il n’y a pas de « petit pas ».

C’est en posant un acte, qu’il soit majeur par un gros changement de fond et de forme, ou mineur, qu’on arrive à avancer.

D’ailleurs, sans pas mineur, il est toujours plus difficile d’en faire des majeurs, alors accrochez-vous à ce que vous pouvez et n’ayez pas peur de reculer quand c’est nécessaire !

Rien est perdu, tirez des conclusions, si vous avez besoin de lire mon vécu, s’il peut vous permettre d’avancer, je prends, ça sera une récompense et une victoire commune.

Il est parfois difficile de se faire comprendre, mais une chose est sûre, il y en a d’autres qui sont passés par là, ce long moment où la maladie prend le dessus sur notre vie, mais tout comme eux, nous allons nous en sortir, la tête haute et fier de ce chemin fastidieux.

D’autant que nous avons cette chance, nous pouvons nous lire, nous écrire et nous écouter, ainsi on peut voir dans le vécu de chacun(e) des méthodes pour avancer par exemple.

Enfin, soyons fier de nous, il n’existe pas de recette miracle, seule notre détermination nous mène vers nos victoires.

Bzzzzzzzzz